Dans ma bibliothèque : En attendant Bojangles

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J’ai décidé de reprendre cette rubrique commencé il y a quelques années et jamais réellement exploitée puisqu’il doit finalement n’y avoir que deux billets dans cette catégorie. Ce qui est fort dommage puisque je lis entre un et deux livres par semaine (merci les insomnies).

Je reprends donc cette rubrique avec « En attendant Bojangles » d’Olivier Bourdeaut. Livre que j’ai dévoré en quelques heures. Il faut dire que j’aime beaucoup lorsque les histoires sont la fois fantasque et poétique, ce qui est le cas dans ce livre.

Cet ouvrage est un hymne à l’amour et à la folie. Le sujet pourtant lourd et dramatique est traité ici avec une douce légèreté, de façon touchante et joyeuse.

« Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur Mr Bojangles de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.

Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement.

C’est elle qui n’a de cesse de les entrainer dans un tourbillon de fête et de chimères.

Un jour pourtant elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéductable, pour que la fête continue, coûte que coûte.

L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom. »

J’ai énormément aimé le fait qu’un sujet comme celui-là puisse être amené de cette façon. D’aborder un sujet grave avec fantaisie et extravagance.

Car, même si l’on passe du rire aux larmes, en refermant le livre on est encore enchanté par l’univers poétique et loufoque dans lequel on a évolué au fil des pages. Encore ému et touché par l’amour qui lie les membres de cette famille.

L’histoire est raconté par le fils spectateur émerveillé des frasques de ses parents et de cette vie remplie de musique, de fête et d’amis. De cette mère rebaptisé chaque jour d’un prénom différent par son père qui consacre tout son temps à sa femme et son fils et à leur vie de plaisir et de bonheur. C’est lorsque ce dernier devient narrateur par intermitence que l’on comprends la gravité de la situation.

Je trouve cela très beau. L’amour de l’époux pour sa femme, du père qui préserve son fils, de ce parti-pris d’appréhender la folie en faisant de la vie une fête.

Quant au personnage de la mère il est extrêmement touchant, drôle et on se laisse entrainer de notre plein gré dans son tourbillon.

Quelques extraits :

« Maman invitait une foule de gens pour manger, à n’importe quel moment de la journée : les amis, certains voisins (du moins ceux qui n’avait pas peur du bruit), les anciens collègues de mon père, la concierge, son mari, le facteur (quand il passait à la bonne heure), l’épicier du Maghreb lointain mais qui était juste en bas dans sa boutique, et même une fois un vieil homme en guenille qui sentait très mauvais mais qui semblait quand même satisfait. Maman était fâché avec les horloges, alors parfois je rentrais de l’école pour goûter et il y avait du gigot et d’autres fois il fallait attendre le milieu de la nuit pour commencer à dîner. Alors nous patientions en dansant et en mangeant des olives. Il est arrivé qu’on danse trop pour manger, alors, tard dans la nuit, Maman se mettait à pleurer pour me montrer combien elle était désolé et elle me picorait en me serrant fort dans ses bras avec son visage mouillé et son odeur de cocktail ».

« Afin de m’instruire mes parents ne manquaient pas d’idées. Pour les mathématiques, ils me déguisait avec des bracelets, des colliers, des bagues, qu’ils me faisaient compter pour les additions, et après ils me faisait tout enlevé jusqu’au caleçon pour les soustractions. Ils appelaient ça le « chiffre-tease », c’était d’un tordant. Pour les problèmes Papa me metait en situation, disait-il. Il remplissait la baignoire, enlevait des litres, avec une bouteille, une demi-bouteille  et me posait une foultitude de questions techniques. A chaque mauvaise réponse il me vidait la bouteille sur la tête. C’était souvent une grande fête aquatique ces cours de mathématiques ».

« Son comportement extravagant avait rempli toute ma vie, il était venu se nicher dans chaque recoin, il occupait tout le cadran de l’horloge, y dévorant chaque instant. Cette folie je l’avait accueilli les bras ouverts, puis je les avaient refermés pour la serrer fort et m’en imprégner. Mais je craignais que cette folie douce ne soit pas éternelle. Pour elle le réel n’existait pas. J’avais rencontré une Don Quichotte en jupe et en bottes, qui, chaque matin, les yeux à peine ouverts et encore gonflés, sautait sur son canasson, frénétiquement lui tapait les flancs, pour partir au galop à l’assaut de ses lointains moulins quotidiens. Elle avait réussi à donner un sens à ma vie en la transformant en un bordel perpétuel. Sa trajectoire était claire, elle avait mille directions, des millions d’horizons, mon rôle consistait  à faire suivre l’intendance en cadence, à lui donner les moyens de vivre ses démences et de ne se préoccuper de rien ».

« En attendant Bojangles »

Olivier Bideaut

158 pages

15.50 euros

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2 réflexions sur “Dans ma bibliothèque : En attendant Bojangles

  1. Chose promise… Bon okay avec un peu de retard mais je suis là c’est l’essentiel hein 😉
    Je suis ravie que tu parles bouquins dans ton blog, je savais pas et je reviendrais régulièrement avec plaisir !
    De gros bisous ma bombasse marseillaise made in Paris
    Aka Sly F

    • Je suis contente que cette nouvelle (avec seulement deux vieux billets c’est comme si c’était tout neuf) rubrique te plaise!
      Je vais vraiment essayer d’être régulière pour poster même si je ne pourrais jamais suivre mon rythme de lecture 😉
      Des bisous ma belle 😘

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